Ce film va me marquer, à jamais. J'ai un poème de Baudelaire qui me tient profondément à coeur et me guide même. Il y a plusieurs livres et un en particulier l'oranger qui sans être extraordinaire reste gravé dans mes souvenirs. Il y a Wim Wenders qui me parle rien qu'à moi dans chacun de ses films. Et maintenant Il y a ce film qui me parle d'une douleur qui n'a pas de nom, si profonde que rien ne pourrait la décrire. Seules les oeuvres d'art savent cette magie. Il m'accompagne jours et nuit ces temps-ci. Et quand je veux décrire une douleur particulière, je dis que "c'est la douleur d'un père devant son enfant assassiné". Je n'ai pas vécu cette souffrance, heureusement, sans doute. Mais j'ai perdu un homme presque un père. Et avant qu'il ne parte j'aurais voulu qu'il sache à quel point il a compté pour moi. Grâce à ce film je sais que chaque fois que je le ressens, il le ressent aussi. Mais cette douleur n'est pas encore celle plus terrible qui est de perdre son enfant.
On est tous à un moment de notre vie la mère ou le père de quelque chose. Un bébé, une maison, une concrétisation, mais aussi de sentiments. Alors quand celui-ci meurt avant qu'il ait pu prendre son envol , avant même qu'il ait eu cette folle liberté qui précède de longtemps l'âge adulte, la douleur reste là . Et j'ai cette image du film où la jeune fille assassinée appelle désespérément son père d'où elle est. Mais Il n'entend pas. Parce que, aussi tragiquement vrai que cela puisse paraître lorsque l'enfant est mort on ne peut plus lui parler. Seul reste son souvenir. Et la douleur avec.
Allez le voir, s'il ne vous parle pas tout de suite, il reviendra vous hanter un jour de séparation, et quand enfin vous aurez assumé cette séparation. Il vous aidera à comprendre.