La révolution numérique de la culture est derrière nous...

21.3.14 mis en ligne par Fred
Je voulais proposer cet article en pige, mais finalement je ne sais pas très bien comment je vais pouvoir vendre un article qui dit que la révolution culturelle du numérique est derrière nous... D'autant que pour un quotidien du soir -pourtant innovant sur le web, et pas totalement ignorant des choses de la vie- l'industrie culturelle serait en train de vivre sa révolution. #doh


L’internet culturel serait arrivé à un tournant ces derniers jours. C’est arrivé assez subitement. Un peu à cause du succès de House of Cards, de l’arrivée de Netflix en Europe et du dongle Chromecast qui permet d’avoir sur sa télé la Google TV. De nouvelles offres arrivent en France et c’est la révolution culturelle dans les esprits. Mais est-ce vraiment une révolution dans les pratiques ?



Alors bon, vu qu'il a fallu je ne sais quoi pour se réveiller, faisons juste quelques petits rappels historiques.

Ça commence par un article lu hier soir sur le blog techno Techcrunch qui annonce que le téléchargement ne peut plus être arrêté, ça commence aussi quand j'ai accès à mon premier ordinateur dans le milieux des années 90. Pour beaucoup, on a appris l'histoire d'internet dans les livres ou pendant une présentation. Pour moi c'était Compuserve, ça a duré six heures non-stop. J'ai commencé à 22h sur ce tout nouveau Gateway 2000 que venait d'acheter ma tante. Elle voulait un peu faire comme nous qui avions acheté un Compaq SX386. C'était littéralement la préhistoire d'internet, il y a 20 ans. 

Pas de réseaux sociaux. Pas de Facebook. Pas de Google. Les téléphones n'étaient pas tactiles. D'ailleurs il fallait trouver une borne BiBop pour téléphoner, mais bon ça pouvait aller puisqu'on pouvait être contacté via notre TamTam. Les Webcams ne pouvaient être que professionnelles.. C'était la pré-his-toire, je vous dis. Culturellement, c'état assez "simple" : Il y avait des serveurs FTP sur lesquels on pouvait échanger des albums entiers . Mais il fallait un logiciel spécial pour les lire, Winamp. Je n'ai pas connu l'époque où on s'échangeait des «.wav». Mais je doute sérieusement que cette époque ait existé. Non j'ai connu direct un truc RÉVOLUTIONNAIRE ! Le MP3... Ouaip ! Même plus besoin de compresser avec ARJ.. Non, Non le fichier faisait 4 Mo et en à peine dix minutes on le téléchargeait. L'Eden culturel quoi. Au fond, ce n'était pas si compliqué de trouver où les télécharger. On se connectait en IRC sur un WAREZ et on attendait d'avoir une adresse. Ensuite on naviguait dans des dossiers en FTP via des commandes d'un autre âge :  “cd” , “dir’, “get”, etc... Il y avait aussi le répertoire “Upload” si on voulait avoir un ratio suffisant pour télécharger. EH ben oui... L'idée ce n'était pas que de prendre.. mais aussi de donner ses propres “rips”. Le partage , déjà, mais en mode manuel.


Grateful Dead Live au Barton Hall - Cornell University 08/05/1977

(enregistré par les fans de Grateful Dead)



C'est peut-être entre 1990 et 1998 que la culture a été révolutionnée par le numérique. En 1990 c'est le groupe The Grateful Dead qui avait entamé la révolution avec l'enregistrement libre de ses concerts et la liberté donnée aux fans de le partager à condition que ce soit fait sans rémunération. Ce principe est encore appliqué.  Le partage était courant entre "deadheads" et a été accéléré avec l'arrivée d'Internet dans les foyers. 1998 est pour moi l'année où les principes de base ont cessé d'évoluer. C'est à dire quand le format de compression audio mp3 et la compression DIVx sont apparus... La révolution numérique de la culture et ses innovations philosophiques se sont terminées à ce moment là. Après, ce sont des variantes techniques que ce soit Napster, Gnutella, Kazaa et autres Torrents. Même Deezer et Spotify, comme vous le voyez, pardon l'entendez, n'ont pas inventé le streaming.

Récapitulons :



  1. Un échange libre et gratuit, 
  2. Un réseau de communautés dont le seul centre est l'artiste, 
  3. La technologie.



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iTunes 1 - 2001
Après 1998 il y a eu Napster, développé par Shawn Fanning. Succès très rapide à travers le monde. Le logiciel permet d'avoir en quelques minutes la chanson, le film ou le logiciel en cours de téléchargement. La facilité de chercher et donc de trouver était exceptionnelle. Je me souviens d'une soirée où un ami musicien fasciné par l'outil a passé la nuit à faire le DJ. Il apparaissait , demandait : “Vous voulez écouter quoi ?” et repartait quasi immédiatement, tout victorieux de pouvoir piéger la machine, le réseau. Mais non.. C'était bien la bibliothèque d'Alexandrie de la musique qu'il avait sous les doigts. Des centaines de milliers de personnes à travers le monde proposaient leurs musiques et quelques minutes après sans payer comme le voulait la philosophie de Grateful Dead, comme le veut la philosophie du logiciel libre, le fichier arrivait. C'était en 2000. il y a quatorze ans.

#FunFact : Le DivX est un algorithme de compression vidéo codé à Montpellier en 1998 par le français Jérome Rota. La même année Google ouvre ses premiers bureaux.

Quelques jours après le logiciel ne marchait plus. Les majors avaient gagné une bataille croyait-il. Itunes a repris la même interface à ses débuts. Surfant sur cette nouvelle offre, Apple lança son logiciel propriétaire et passa des accords avec les majors qui prirent conscience qu'une nouvelle manière de distribuer la musique était apparue avec la consommation compulsive dû au téléchargement. 

J'étais à l'époque certain que le téléchargement illégal avait perdu pour de bon. C'était sans compter le développement de Edonkey. Le logiciel fonctionnait un peu comme Napster, mais découpait les fichiers en fragments. Donc un fichier était téléchargé à partir de

plusieurs ordinateurs puis assemblé sur l'ordinateur client à son arrivée. Ce système additionné au développement de l'ADSL a grandement amélioré la vitesse de téléchargement. Il y avait toujours un serveur qui centralisait la liste des ordinateurs connectés. Ceux-ci avaient beaucoup de clients connectés, certains jusqu'à près d'un millions comme Razorback2. En 2007, la police belge démantèle ce serveur et quelques autres, mais aujourd'hui encore le réseau edonkey continue à fonctionner avec diverses versions. Le plus connu, e-mule, démarré  en février 2002, il y a douze ans, est la version "libre" du logiciel. Le code source du client et celui du serveur étant accessibles, de nombreuses autres versions ont été programmées et améliorées. Les versions successives tentent de réduire la centralisation qui rend les téléchargements illégaux particulièrement vulnérables à la lutte contre le piratage.

http://en.wikipedia.org/wiki/File:BitTorrent_network.svg
En 2001, de manière plus discrète,  c'est un nouveau logiciel qui commence à se faire connaitre : Bit torrent. Son principal objectif était de contourner le tendon d'Achille de Napster : la centralisation. Développé dés le début par Bram Cohen, la simplicité est moins l'ambition de son développeur qu'un protocole d'échange de fichiers. L'idée de partager d'ordinateur à ordinateur, de pair à pair est prise ici au sens premier du terme (voir ci-contre). Cela a protégé le développeur qui se considère innocent de la mauvaise utilisation de son logiciel. Il a d'ailleurs signé des accords avec l'association américaine du cinéma (MPAA) pour ne pas mettre sur son site Bittorrent des liens vers des contenus illégaux. Il s'apprête à lancer d'ici peu un logiciel bitTorrent live qui fait très fortement penser à Popcorn Time... En tout cas s'il s'agissait de créer un test grandeur nature, le test est franchement réussi.


Le numérique a créé une nouvelle industrie. Les séries téléchargées aux États-Unis ont changé la production et le financement des télévisions françaises. Après avoir tenté de
créer un Netflix à la française, les chaînes TF1, Canal+ et M6 veulent depuis deux ans freiner l'arrivée de ce service de VOD en France. Pour ce qui est de la création, il y a les réussites des Revenants et autres Braquo qui montre que cette nouvelle manière de partager influence aussi le goût des consommateurs.  

La technologie a changé pour le meilleur ou pour le pire la culture. Quand on parle d'industrie culturelle, cela reste pourtant si mal vu que même l'État doit le défendre en commandant des rapports sur son impact sur l'économie et sur l'emploi. La faute à Hadopi peut-être. 

La mise en place de cette haute autorité en France est arrivée à rebours de pratiques installées au cours de cette ère numérique. En 2008, en effet, l'étude décennale sur la culture a dû allonger son titre pour "Les nouvelles pratiques culturelles des Français à l'ère numérique. Les dernières
statistiques de l'IFPI montrent ainsi que les bénéfices provenant de la vente de CD va passer en dessous de 50% au profit du téléchargement et de la musique en streaming. Celui-ci permet même à l'Europe de voir croître son marché de la musique après douze années de chute. 

Les pirates ont répliqué avec «Popcorn Time».






Les événements se déroulent à une telle vitesse que même Google n'a pas le temps de suivre. 


Car voilà qu'un nouvel outil de téléchargement si efficace qu'il fait penser au streaming apparaît. C'est l’événement «Popcorn Time». Inspiré de la plateforme de VOD «Netflix» (qui a lancé House of cards, ou Orange is the new black) le logiciel est d'une simplicité diabolique et fait craindre le pire à Hollywood. 

Les recours légaux des majors contre le piratage se confrontent à cette pratique établie depuis déjà de nombreuses années; elles attaquent donc le logiciel. Mais compte-tenu de la globalisation du web et de sa culture, lorsqu'un site ou un logiciel est condamné au silence, immédiatement le logiciel est donné à la communauté de développeurs. C'était déjà le cas avec Napster en 2000 qui est devenu OpenNap. C'est désormais à nouveau le cas avec Popcorn Time qui en déposant le logiciel sur github ( un site social de partage de codes source ) obtient depuis le 19 février, date de sa création, prés de 900 recopies du logiciel. 



Arborescence des recopies et des modifications de Popcorn Time

Un autre exemple de l'impuissance des autorités américaines est l'aventure de Mega, anciennement Megaupload. 


la gigantesque demeure de Dotcom
subissant le raid de la police
En 2012 le FBI bloque le nom de domaine et coupe le sifflet  à Megaupload. Lorsque la police néo-zélandaise débarque avec chiens et hélicoptères dans le palais de Dotcom, le créateur néo-zélandais de ce cloud personnel, c’est croit-on pour mettre un point final à un trafic exponentiel. Il lui aura fallu un an pour  remettre en route une nouvelle solution et en faire le lancement en mondovision sur les ordinateurs du monde entier. En attendant les milliers d'utilisateurs de Megaupload en seront pour leurs frais puisque leurs données légales, elles, sont désormais effacées à tout jamais.  La nouvelle plateforme est désormais accessible et les données sont chiffrées, ce qui permet à Dotcom de se dédouaner du contenu de ses serveurs puisqu'il n'a pas le moyen de vérifier leur contenu.

Ce sont souvent des développeurs autonomes qui démarrent ces logiciels de téléchargement. Dans un monde sans frontières, le logiciel se dissémine ainsi de serveur en serveur avec très peu de frais. Censurer à la source reviendrait à chercher une aiguille
Raisons pour lesquels télécharger
dans les meules de foins de la Beauce. La pratique culturelle est séparée de la technologie numérique depuis le tout début de ce phénomène. Pourtant les sommes d'argent dépensées par les autorités publiques pour lutter contre le piratage sont inconnues mais vraisemblablement colossales tout comme le manque à gagner. Le marché de la musique a perdu en dix ans 10 milliards de dollars pour se stabiliser en 2013 à 15,029 Milliards. Ce qui est certain c'est qu'en l'espace de vingt années, la pratique culturelle d'au moins deux générations s'est habituée à ce fonctionnement. Difficile de dire qui en a tiré profit financièrement tant il y a d'acteurs dans la boucle. Pour ce qui est du citoyen, l'offre et l'accès à la Culture n'a plus de limites. Mais la lutte continue.


Comme les Cylons disent dans Battlestar Galactica : 
«Tout s'est déjà fait avant et ça se fera encore, encore, encore..»

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Laurent Marode jazz comme j'aime

7.3.14 mis en ligne par Fred
Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvé dans une salle de concert. Là, c'était un club de Jazz. Un des plus célèbres de de Paris paraît-il. À peu près du même niveau que le Duc des Lombards. Pourtant je ne connaissais pas le Sunset-Sunside.

Invité à assister au concert que j'ai deviné être celui d'un ami de l'instigatrice de cette rencontre. Pourquoi pas, me suis-je dis, au pire c'est une soirée en bonne compagnie. L'accueil est sympa, on y va pas pour la bouffe, clairement. Si vous avez faim, tentez tout, sauf l'assiette saumon à 12€ (2 tranches de pain de mie, 4 tranches de saumon fumé, un huitième de citron et un carré de beurre genre petit déj d'Ibis).
Mais, bon, on vient pour la musique.

La salle se remplit, les sièges ne sont pas confortables, la place est si petite qu'on craint de renverser le mini guéridon encombré de six verres de vin et de bière. Pour quelqu'un de maladroit comme moi, c'est la promesse d'une catastrophe.

Bref, la soirée en instance de cata.
La salle est gavée pour le début du concert à 21h, une centaine de personnes, on a tous déjà un peu chaud. Il est déjà 21h15 et rien ne se passe. Le quart d'heure parisien, quoi. 21h25, les artistes arrivent. À sa tête un jeune homme tout souriant avec le trac à fleur de peau. C'est d'ailleurs ça qui me fait dire que ce n'est pas quelqu'un du public. Ça et sa casquette de Gavroche.  Il fait des sourires, salue, "coucou", "ça va ?", fait la bise à ses parents. Pas de surprises, je suis dans un concert pour la famille et les amis. Mais dans un lieu réputé de Jazz, plein à craquer, c'est pas courant. Il a peut-être du talent le mec.

Il s'installe à son piano, fait deux trois blagues pour détendre la salle et lui aussi sans doute un peu. Entourant le contrebassiste au centre, Laurent Marode est à gauche et le batteur à droite de la plateforme.  C'est parti pour le «Laurent Marode Trio»


C'est simple, c'est brillant, c'est tout simplement exceptionnel. Je me sens assez vite transporté dans les clubs de Chicago. La dextérité du contrebassiste Fabrizio Nicolas, l'agilité du batteur Grégory Serrier et la maitrise du pianiste m'ont convaincu immédiatement. J'avoue, je suis venu pour faire plaisir. J'ai vu, sans savoir  et je vous le dis en toute franchise, ce pianiste a vaincu toutes mes appréhensions. Je bats le rythme imposé par des morceaux parfois lents, parfois trépidants. J'oublie cette table qui m'a menacé de ces verres et je m'engage avec confiance dans les improvisations. Elles se succèdent, virevoltantes comme des oiseaux, comme le printemps.

J'écoute en boucle, depuis.

Pas au bout de mes surprises, les petits bonheurs succèdent aux plaisirs et c'est avec une sorte de suspens que les trois musiciens sont rejoints par le saxophoniste David Sauzay, le trompettiste Ronald Baker et la vocaliste Sarah Lancman. Tous les morceaux méritent votre écoute. Maintenant, vous pouvez ne pas aimer le Jazz. Je peux comprendre... J'ai appris à lâcher prise d'une mélodie énoncée à l'avance et à faire confiance à l'invention de l'instant, à l'illumination en temps réel, à la magie de ce qui s'inventent là dans le creux de votre oreille à une vitesse folle.

Sincèrement, achetez l'album pour Noël, pour la coupe du monde, pour l'anniversaire de votre grande tante ou pour fêter les municipales... toutes les raisons sont bonnes pour vous procurer cet album.... GO !
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